La Hesbaye au temps des trams - Thierry Delgaudine - Août 2017

La Hesbaye au temps des trams - Thierry Delgaudine - Août 2017

News
Jeudi 31-08-2017

 

Chez Marie al Tram (maison famille Mathy)

 

Pas moins de 10 pages sont consacrées à Vinalmont et Wanzoul par Thierry dans son dernier ouvrage

 

La Meuse, lieu de rencontre

Durant cette dernière quinzaine d'août 2017, Thierry Delgaudine et ses amis cyclistes ont suivi la Meuse en vélo, de sa source à son embouchure, soit un programme long de 1.100 kilomètres. Le vélo est le meilleur moyen de suivre ce fleuve. Et surtout, surtout de rencontrer des personnages étonnants et passionnés en France,en Belgique, aux Pays -Bas.

 

Thierry, le journaliste de coeur

Car pour Thierry, ce sont les rencontres avec les gens qui sont les plus importantes, toujours. Déjà, quand il était chroniqueur judiciaire, c'était la personnalité des protagonistes qui l'intéressait et on percevait souvent sa sympathie ou en tout cas sa compréhension vis-à -vis de celui qui était présumé coupable : pour notre Simenon hesbignon, celui qui est le vrai coupable n'est pas toujours celui qui tient le revolver...

Journaliste sportif, Thierry préférait de loin, aux soit disant exploits sportifs des vedettes internationales, décrire le parcours des "footbalistes locaux " avec lesquels il refaisait le monde pendant des heures, loin de la ligne de but, plus près du comptoir. Thierry a notamment, il y a peu, dans « Vers l'Avenir », mis à l'honneur Joseph Craninx et Philippe Destinez, des footballeurs qui ont marqué de leur empreinte le terrain, la buvette mais aussi le coeur de pas mal de supporters et supportrices de Vinalmont. (citons aussi, dans ce cadre,  le merveilleux ouvrage « 50 ans de foot à Huy-Waremme » de Thierry Delgaudine )

 

Les livres à visage humain de Thierry

Dans ses livres - il en a édité plus d'un - Thierry a aussi voulu rendre compte des « aspects cachés », du visage humain, loin des projecteurs, de personnalités comme Anne-Marie Lizin à laquelle il a consacré un livre de photos ou du dessinateur hutois François Walthery : Walthéry a donc été l'objet d'un livre de Thierry Delgaudine, un mélange de camaraderie liégoise et d'humour: d'humour...noir . Son titre : « Walthery est mort »...(de rire ), l'hommage d'un homme à un autre homme, comme l'a dit le dessinateur.

Ce sont cependant surtout  les gens « non célèbres » qu'il aime mettre en valeur. Cela a été le cas dans « Albums de famille Antheit, Moha »  avec des clichés photographiques remarquables mais aussi et surtout avec les récits de solidarité qui unissaient les hommes de nos villages marqués par deux conflits mondiaux, avec le regard amusé de Thierry sur les péripéties politiques locales...

 

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La gardienne de la gare de marchandise, route de Villers à Vinalmont, Hermine Deresteau ( Photo :source Françoise Vandersmissen) 

 

La Hesbaye au temps des trams

Avec « La Hesbaye au temps des trams », Thierry Delgaudine prend prétexte du tram, ce moyen de locomotion démodé, pour parcourir avec passion, avec amusement, avec lenteur, avec nostalgie, les routes de notre région. Mais le tram n'est que paravent, les numéros des lignes ne sont que des chiffres cachant le dessein caché (le livre est d'ailleurs édité par « Noir Dessin Production). Le but de Thierry est tout autre: raconter la vie, la cohésion sociale au sein des villages il y a 70 ou 100 ans. Comme il le dit : « Le tram a favorisé les rencontres :  sans lui, beaucoup d'entre nous n'auraient jamais vu le jour ».

Thierry Delgaudine nous promène donc dans les campagnes de Seilles à Forville, d'Andenne-Seilles à Envoz, d'Hannêche à Statte mais aussi le long de la ligne 572 entre Statte et Burdinne.

 

Le tram à Vinalmont

La ligne du tram 572 n'est pas la plus importante en Wallonie mais pour les Vinalmontois, si, et ce de 1888 à 1951.

Partant de Statte, le vicinal caracole en remontant péniblement vers Vinalmont (voir ICI les articles du site Nostalgie Vinalmont avec l'ensemble des cartes postales de Stéphane Riga, Jean-Marie Vanebempt, Fernand Richard ) .

(voir aussi la carte du trajet du tram ICI ) . (voir les cartes postales ICI )

 

Déjà essoufflé aux Tombes à Antheit, le petit tram garde cependant son rythme dans les lacets qui le font passer et repasser sur le chemin des Vallées. Il passe ainsi devant chez Elvire Vanebempt et traverse sans vergogne la rue Vandervelde près de chez Philippe Vauchel avant d'atteindre la halte de chez Marie et Pierre,« al tram » (maison de la famille  Mathy-voir les photos en entête de note et ci-dessous ). Certains se plaignent de sa lenteur. D'autres en profitent pour conter fleurette aux jeunes filles.

Le tram reprend en tout cas son souffle pendant que le «grand Bernard», le machiniste attitré, charge et décharge les colis.

 

Le tram cahin-caha 

Les roues du tram trépignent sur l'assiette de voie, large de 3,5 mètres; le tram s'élance prêt à foncer, parcourt un mètre, freine et bloque. Il a aperçu la petite Marie qui arrive en courant, une pile d'enveloppes sous le bras. Ce sont les soumissions de son papa, Paul le menuisier, que sa maman a rédigées de sa plus belle plume. Elle les glisse dans la boite aux lettres accrochée au dernier wagon. Ouf! Il s'en est fallu de peu.

Le tram repart fièrement laissant derrière lui son odeur de vapeur mêlée de fumée de charbon et emportant les précieuses missives.

Il effectue alors une boucle dans la rue des Potalles pour remonter vers l'actuelle route de Villers et de là se diriger vers Chapon-Seraing et Waremme.

Il marque l'arrêt dans la campagne de la route de Villers, chez Deresteau, une construction isolée à la sortie du village, gare de marchandises et de triage(voir photo de Mme Deresteau ci dessus -merci Françoise Vandersmissen )

A cet endroit, il y a trois voies: 2 voies permettent le croisement des trams qui viennent ou partent vers Waremme, car, sur tout le tracé, la ligne ne comporte qu'une voie. La troisième voie permet de garer les wagons nécessaires au chargement des marchandises.

 

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Machiniste, chauffeur, percepteur

La locomotive est un peu l’hôtel des courants d'air où se tiennent le machiniste et le chauffeur, dans un espace minuscule.

Les wagons pour les passagers prévoient deux plates formes entourées de balustrades en fer forgé, c'est l'endroit de rencontre privilégié des jeunes.

Le percepteur (ou la perceptrice) distribue les coupons. C'est lui qui saute bas du tram, manipule les aiguillages et reprend sa place alors que le tram roule toujours.

Dans les descentes, il actionne le frein auxiliaire, une grande roue située dans le dernier wagon, alors que les gamins, grisés par la vitesse, lui crient: «Attends encore un peu!».

En hiver, il s'occupe d'alimenter les poêles colonnes «diables» qui monopolisent un demi compartiment.

Les voyageurs les plus proches étouffent tandis que les autres grelottent.

Le trajet de Statte à Vinalmont coute 2,60Fb. Il faut 1h30 pour rallier Statte à Waremme.

 

En route vers le Roua

De chez Deresteau, une voie repart en direction de Wanzoul, essentiellement pour les marchandises. Le tram traverse la chaussée de Tirlemont (A peu près en face de l'actuelle scierie Pétré). Il vérifie le poids de ses marchandises sur «la Bascule» (un peu plus loin que chez le Dr Rihon)

Rassuré, il entame alors la descente vers les carrières Sottiaux et Roba, traverse le Roua, atteint la carrière Wilmart, puis les anciennes carrières «de la Violette» et «al'Baye» pour se diriger vers Huccorgne et Burdinne.

Dans ses wagons, il transporte les pierres des carrières, des briquettes, et, selon les saisons, des betteraves en direction de la râperie de Chapon-Seraing ou de bottes de lin à destination des Flandres.

Destiné aux marchandises, il ferme les yeux quand un voyageur clandestin vient lui tenir compagnie.

Sa locomotive à vapeur pèse pas moins de 16 tonnes et développe une puissance de 100CV. Dame, il faut bien cela s'il ne veut pas faire comme le petit Poucet, semer ses cailloux en chemin.

 

Une triste fin

La guerre terminée, le pauvre tram qui a pourtant travaillé pendant toute la durée du conflit, se voit remplacé par l'autorail, un monstre peint tout en jaune (du type de ceux que l'on rencontrait jusqu'il y a peu encore à la côte belge).

En 1948, il doit confier ses voyageurs aux autobus qui vont bien au-delà de Statte, jusqu'à Huy.

En 1952, malgré les protestations énergiques des sucriers et des carriers, il cesse toute activité pour faire son entrée au musée.


 

De côte en pente et de pente en côte, inlassablement, le vicinal a parcouru son chemin sur les voies qui lui étaient tracées, avec ses hauts et ses bas, ses arrêts, ses brusques secousses, ses cris de souffrance et de joie, image du village.

Les cartes postales et photos ICI (merci Françoise Vandersmissen, Stéphane Riga, Fernand Richard, Jean -Marie Vanebempt, Tu es un vrai hutois si...)

 

Le livre de Thierry Delgaudinne 

Le livre « La Hesbaye au temps des trams  », 2017, Noir Dessin Production, 208 pages, est disponible à La Dérive à Huy ou via l'auteur à Couthuin.

 

Photo de couverture du livre ci - après : 1945 à Burdinne : Melanie Mignon et les enfants.

 

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