Charles Gérard, mis à l'honneur dans l'expo "Aimons-nous" - jan 2016

Charles Gérard, mis à l'honneur dans l'expo "Aimons-nous" - jan 2016

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Mercredi 20-01-2016

Charles Gérard, le « ptit  Charles » comme on l'appelle affectueusement à Wanzoul, est heureux. Christian Jadot l'a immortalisé par le biais d'une remarquable photo présentée au centre culturel dans le cadre de l'expo « Aimons nous...» que Charles a visitée hier.

Charles Gérard, c'est une personnalité de Wanzoul. Il est né et il n'a jamais quitté le village. Charles vient juste de fêter la semaine passée ses 89 ans. Né rue du Pousserou dans la maison qu'occupe maintenant Hermine Richard-Lecocq, il a comme voisin à cette époque la terrible Fonsine Mamanne, puis Fernand Lecocq et Yvonne Peigneux qui vont quelques années plus tard reprendre le café-magasin en face (actuellement chez Michel Cleeren).

Il ira à l'école de Vinalmont, à pied, via la pont de soleil, chez M Delvaux et chez M Siquet . Il est sur le même banc que Louis Raes et ses copains d'alors, ce sont notamment Florian Dubois, Victor Grainson, Paul David, André Broset, Louis Vanleyssem. Les filles font bande à part dans une partie séparée de l'école : Lisette Masset, Nelly Champagne, Georgette Masset et les « gamines » de la rue Dejardin : Lina Galère, Marcelle Derwa et Berthe Dejardin qui sont toutes 3 malheureusement décédées.

- Mais on ne regardait pas les filles hein, me dit Charles avec son grand sourire.

Au catéchisme, où il faut aller 5 jours par semaine  (« on y allait même le samedi  »), il est deuxième avec seulement 2 points de moins que Louis Vanleyssem, le champion hors catégorie. 
Après, c'est l' école technique pendant 3 ans, rue Saint Pierre, à Huy. Huy, la grande ville qu'il rejoint avec la bus chaotique du « Bardouheu » de Warnant, un bus qui a parfois tant de peine à remonter la côte de Vinalmont qu'il faut le pousser.

A 13 ans, il découvre la guerre qui amène les Allemands mais surtout des difficultés d'approvisionnement pour la famille Gérard : il faut manger et le jeune Charles aide ses parents. Il travaille dans la ferme des voisins, la famille de Jean Lecocq et de Félicie Gonne. Très vif, c'est lui qui est chargé de monter sur les très grandes échelles pour cueillir les fruits du grand verger. Il participe à la fenaison ou à l'arrachage des betteraves.

-  J'avais 15 ans, tout se faisait manuellement mais dans la bonne humeur, explique Charles à grand renfort de gestes mimant l'utilisation de la grande faux ou de la rasette, risquant de décapiter par la même occasion sa tasse de café. Charles a une mémoire phénoménale : les dates, les lieux, les noms de ses amis, de ses parents,il connaît tout par coeur.

- Quand je vais chez le Dr Windhausen à la clinique Reine Astrid, je fais chaque fois une "course" avec son ordinateur quand il recherche des dates. Et je gagne. Mais je ne connais bien sûr par coeur que les dates de mes propres consultations.

Les infirmières des Avelines, où réside maintenant Charles, prétendent en rigolant qu'il a une mémoire parfois sélective...

- Ah oui cela, reconnaît Charles en me faisant une clignette.

La guerre terminée, c'est la recherche d'un travail. Il y a à faire en 1945 : il travaille pendant 15 ans à la boulonnerie d'Ampsin : il y va chaque jour en vélo.

Mais vu les problèmes pulmonaires liés à cette occupation, il se dirige vers les entreprises de construction.. Il travaille à Amay chez Gaston Clément ; s'il faut se rendre  sur un chantier un peu plus éloigné, il monte à l'arrière de la moto d 'un camarade  : il a chuté quelques fois. 

- C'est une "question d'équilibre"  commente Charles ( notre Charles qui a inspiré le chanteur Francis Cabrel ).

Charles participe ainsi  notamment à la construction de dortoirs de l'école des salésiens de Don Bosco à Sur-Les-Bois.

Quand le gros oeuvre est terminé, dans la construction, on pose le « bouquet » sur la cheminée et on « boit un coup » et parfois plus...

- On était souvent « en panne »...et comme ni la moto ni le camion ne savaient nous raccuser...

Entre temps, en 1952, c'est la grande année, l'année du déménagement : la famille Gérard quitte la maison de la rue du Pousserou pour venir habiter quelques centaines de mètres plus loin rue Désiré Dejardin au no 16  dans la petite cour au-dessus de la ferme de la famille Rihon( aujourd'hui chez Philippe Thonnard et Bénédicte Rennoir ), Paul Rihon et Julienne Ummels qui viennent de Vaux Borset et Verlaine y exploitent une ferme avec notamment un élevage de cochons.

Paul et Julienne ont beaucoup d'enfants.

- Ils étaient toujours sur la rue : Albert, Alphonse, Johnny , Paul, Yvan,Sophie, Paula, Edith et j'en oublie : cela changeait tout le temps, raconte Charles ; ils « en  ont fait » ceux là des bêtises, surtout le grand Johnny...Mais c'est une autre histoire.

En 1990, c'est la pension à 63 ans et une nouvelle vie pour Charles. Il est toujours en chemin, il va faire ses courses à Huy en bus déposant sur le chemin son vélo à la Coop. En été, il  revient  simplement à pied, ses grands sacs lourdement chargés traînant pratiquement à terre.

- Qu'avez vous donc dans vos sacs ? demande Pierre qui a chargé Charles en voiture

- Ah ça....répond-t-il...On ne le saura jamais

Et pourtant Charles a la langue bien pendue. Il récite par coeur la liste des joueurs de football du RFC de Liège, du Standard, de Tilleur, de l'Union Hutoise, de Vinalmont, tous les clubs chers à son coeur.

Avec Joseph Riga, il allait voir parfois 2 matches sur un après-midi, le premier à Sclessin, le second à Bureaufosse par exemple. Ils allaient applaudir Daenen, Happart, Tellin, Fernand Blaise, Louis Carré, Pannaye qui tenait en plus un café par lequel les supporters repassaient...

- Et on était supporters quand même...

- A Vinalmont, continue Charles,, ceux qui m'ont marqué, c'est Gustave Guisse qui boxait le ballon et parfois la tête de ceux de Moha, Adrien Fontaine, une force de la nature. Julien Vanorbeek, un fin technicien, Louis Gemine, Jean Lemache Louis Chartier, Joseph Linotte, Jean Ledure. Ils allaient se déshabiller à leur local, au café Baleine (aujourd'hui la boulangerie Matagne).

Dans les années 90, Charles s'assagit....un peu en vieillissant mais il a toujours la bougeotte. Il participe à tous les voyages organisés par « Angelina Car » qui s'arrête tous les mois devant sa maison. Il va à Lourdes (il y est allé 7 fois), à Blankenberge, à Ostende, à Libramont, à Spy avec son amie Marie-Louise Nicolas, avec Fina Pirard et sa fille Jacqueline, avec Mme Reymen. Il fait aussi partie des adeptes de excursions de « La Villersoise »  organisées de main de maître par Juliette Gemine, notamment à Banneux.

Que de souvenirs...

- Et maintenant Charles ?

- Oh, je voyage encore, un peu moins, mais les infirmières doivent quand même parfois faire des recherches..

Charles habite donc maintenant dans la toute nouvelle résidence des Avelines à Wanze.

- Je suis choyé ici. Tout est magnifique. On a une grande chambre avec vue sur la campagne et les faisans, un petit frigo. Le déjeuner, c'est comme dans les grands hôtels :tu choisis ce que tu veux. Je garde souvent un croissant pour accompagner mon café de l'après midi : parce qu'à 3h, les infirmières passent avec un café et une gaufre préemballée. Mais je préfère ressortir mon croissant du tiroir... Les yeux de Charles brillent de malice....

 

La photo de l'expo: Charles Gérard avec Jean Guillaume et Bernadette Thyse (photo d'origine: Christian Jadot )