Photo Denise Graindorge: Le petit André Delhamende au mariage de Louis Ledure et Denise Graindorge : le dernier à droite au premier rang.
Rang du dessus: Charles Graindorge, Lucie Paul, Jean Delhalle, Louis Ledure, Maria Bonnewijn, Denise Graindorge, Hubertine Bernier, Marie Evrard, Hubert Graindorge, Arthur Ledure, Robert Delhamende, Lucie Cuisinet, Jeanne Delhamende, Jean Paul
Rang du dessous: Georges Delhamende à g., Roger Graindorge, René Ledure et André Delhamende à droite
Ci-dessous : André Delhamende
André Delhamende, c'est l'histoire d'un petit garçon des Vallées plongé dans le monde des affaires et de l'aviation.
« Né en 1929, André Dellhamende habitait,dans les années 30, dans la rue en contre bas des Vallées à Vinalmont, dans la maison attenante à celle occupée maintenant par Paul et Anne Ninane » nous dit Denise Graindorge.
Enfant un "rien" turbulent, fonceur, passionné, André terminera ses humanités à Waremme, passera par l'université du Travail puis sera engagé chez Fairey, le constructeur d'avions à Gosselies (Fairey qui deviendra Sonaca) . André Delhamende entre ainsi dans le monde de l'aviation, son voeu le plus cher, se rappelle René Lemoine.
André Delhamende est une homme pressé, un homme de défi, un homme d'affaires acharné et compétent.
Bientôt flamboyant directeur commercial pour le Nord Europe chez le constructeur d'avions Marchetti durant les années 60's, il étend son champ d'actions, voyage partout, côtoie les décideurs et rencontre les plus grands personnages de ce monde ( s'il le faut, il pose à la place du Ministre ). Il participe au développement et à la commercialisation du SF 260 Marchetti qu'il vend comme des petits pains, partout dans le monde mais aussi... en Belgique, à la Sabena et à la Force Aérienne. Il devient un intermédiaire commercial très important avec les pays de l'Asie du Sud-Est, vit dans la démesure et le coup d'éclat. Il est ainsi un des créateurs de la ligne aérienne wallonne régulière « Liège-Charleroi-Ostende-Londres » .
Dans les années 80, fort de son expérience, bien introduit dans les cabinets ministériels, André Delhamende décide de faire construire un avion 100 % belge, un appareil qui allait, espérait-il, mener au plus haut le renom de l'industrie aéronautique wallonne.
Ci-dessous : le Squalus : PhotoS. Martin
Il a déjà sa propre société basée à Gosselies. Il a réalisé une étude de marché : il y a de la place, à côté du 260 Marchetti vieillissant, pour un biplace d'écolage civil et militaire, à moteur à réaction, et dont une des particularités est d'installer côte à côte l'instructeur et l'élève pilote. En 1985, le ministre wallon en charge des Technologies nouvelles et de la Recherche accorde à Promavia, la société d'A. Delhamende, une avance récupérable de près de 167 millions pour le développement du jet. Le ministre de la région bruxelloise subsidie aussi le projet. Le reste du financement est amené par la société d'André Delhamende. André Delhamende s'associe au bureau d'étude et de conception Frati et fait naître le Squalus. L'avion est construit en 2 exemplaires par la Sonaca à Gosselies. Le premier, peint aux couleurs de la Belgique, fut présenté au salon aéronautique de Farnborough, en Grande Bretagne en 1986 (ci après la photo où l'on voit André Delhamende avec le ministre belge Melchior Wathelet (photo Jules Ruisseau, Jacqueline Ledure, Denise Graindorge)
Le second, peint aux couleurs de la Sabena exécuta une démonstration en vol au Salon Aéronautique du Bourget en 1987.
André Delhamende a réalisé son rêve. Il va entrer, pense -t-on, dans la cour des grands.
Le Squalus, le "requin" est donc testé dès 1987, notamment par le pilote d'essai Serge Martin qui a une expérience énorme dans le domaine aéronautique. Dans ses mémoires, Serge Martin raconte : « Le Jet Squalus, c'était un bon avion, sur lequel j’ai beaucoup volé : j'ai eu l’occasion de voler sur Squalus au Canada mais aussi avec des Israéliens, des Américains, des Anglais. Tous le trouvaient très bien. Douglas s’y est même intéressé à un moment mais le marché n’a pas été conclu ».
Il fut aussi question de contrats prestigieux avec Boeing, l'Indonésie, la Chine, le Portugal,...Mais la suite est moins heureuse.
Les commandes civiles et militaires ne suivent pas. La fabrication ne dépasse pas le stade des deux prototypes.
Et début des années 90, c'est la fin de l'aventure et une déception cruelle pour le Vinalmontois.
Un Vinalmontois qui, au delà de ses voyages de par le monde et de ses propriétés immenses, venait souvent se ressourcer dans sa famille à Vinalmont ou à Antheit. Luc Maricq raconte : « André venait régulièrement rendre visite à sa maman qui habitait alors rue de Leumont en face des anciens établissements horticoles Dony à Antheit. Il passait en hélicoptère ; l'appareil se posait dans le terrain vague mais plat faisant coin au rond point de la rue de Leumont. C'était à 100 m de la maison de mes parents ».
« André Delhamende prend sa retraite à Belle-Ile en Mer en Bretagne nous dit M. Jules Ruisseau qui a côtoyé André en tant que membre de sa famille et ami. Il est bientôt rattrapé par l'âge et vient terminer ses jours à Uccle auprès de sa fille Marie-Andrée. Il nous a quittés ce mardi 19 janvier 2016 et pour son ultime voyage, c'est dans sa terre natale, auprès de sa famille, qu'il a décidé de reposer ».
Merci à Denise Graindorge , Luc Maricq, René Lemoine , Jules Ruisseau et Jean-Marie Vandenabeele pour leur collaboration enthousiaste et précieuse .