Manu, le 1er concurrent à gauche (photo Bruno Lavit, UT4M)
Demandez le programme...
Massif du Vercors - 40.70 kms / 2750 mètres de dénivelé positif
Oisans - 48.30 kms / 3450 mètres de dénivelé positif
Belledone - 45.50 kms / 2350 mètres de dénivelé
Masif de la Chartreuse - 43,50kms / 2800 mètres de dénivelé
Soit 178kms et 11.350 mètres de dénivelé positif
Voilà quel était le programme de l'UT4M, l'Ultra trail des 4 massifs, un des trails les plus difficiles en Europe. Il se déroulait du 16 au 20 août autour de Grenoble dans les territoires isérois.
Terminer cette épreuve, c'est un exploit qu'Emmanuel Gillet a réussi.
Un an jour pour jour après avoir recommencé à courir
Emmanuel Gillet est un sportif : il a notamment été arbitre de football en national jusqu'en 2000 (cela veut dire courir entre 15 et 17 kms par match en plus des entraînements).
Il avait repris, en 2015, jogging et trail mais... patatras : il a été vite rattrapé par des blessures tenaces et a dû attendre août 2016 pour reprendre les compétitions avec pour but ultime cet Ultra Trail qu'il avait souligné sur son calendrier, tout juste un an plus tard : le 16 août 2017.
Sa motivation
Pour cet amoureux de la montagne, participer à une épreuve comportant des sommets était un souhait, une idée fixe même. L'UT4M le tentait diablement. Il connaissait le Beaufortin (en face des Arcs) et la Pierra Menta, une région qu'il adorait depuis l'avoir parcourue en raquette de neige avec ses enfants et son papa, une région où il a aussi effectué une stage dans le cadre de sa formation d'accompagnateur en montagne.
Il avait donc décidé de se tester en grandeur nature en faisant en duo, avec son collègue et ami Bertrand Lambert, « La Pierra Menta », une compétition qui lui permettait d 'effectuer, en 3 jours, autant de dénivelé qu'en 6 mois en Belgique. Cela s'est bien passé. La motivation était à son comble. Son ami collègue l'a aussi encouragé à faire non pas une ou deux étapes de l'UT4M mais les 4 étapes. « Soyons fous » a été le mot d'ordre des 2 compères. Mais Manu était-il bien préparé ?
Photo G. Martinez Valentin (UT4M) -Les paysages fantastiques du Trail avec plus de 30 degrés
Sa préparation physique
Emmanuel est gestionnaire de « Wine and More » à Erpent , un travail très prenant et en parallèle, il construit un gîte à côté de sa maison rue Mottart Laloi (Depuis 2009, Emmanuel Gillet et Sophie Matagne habitent le no 9 de la rue Motttart Laloi, l'ancienne maison Racoux et Leemans, au dessus de chez Alphonse et Edith Pongo). Trouver du temps libre pour sa préparation n'était donc pas évident bien qu'il était encouragé par Sophie, elle aussi joggeuse et traileuse, accompagnant souvent Manu dans des compétitions souvent très exigeantes, s'installant très souvent dans les classements parmi les premières dames. Toute la famille, y compris les 4 enfants, est sportive et le frère de Manu est un traileur reconnu dans "le milieu".
Emmanuel n'avait donc pas de programme spécifique avant l'UT4M: quand même, chaque semaine, il programmait 2 « sorties» de 10 kms et une compétition (ou un entraînement) d'environ 35 kms et 1700 mètres de dénivelé positif. Essayez seulement deux semaines de suite et vous verrez...Pas spécifique peut–être mais pas non plus typique.
Parmi ses épreuves dominicales, citons en 2017 « Les Lucioles Soironnaises » (24 kms en nocturne en hiver ), le trail des Rois Barges et le trail de Zatopek toujours en janvier. Puis, près de chez nous, en février et mars, le Trail des Zamoureux (26 kms), le Trail des Chevreuils, et en mars le Huy For'Trail et le trail de la Primavera (30 kms). Manu a alors enchaîné avec l'Hard'Aisne Durbuy Trail (19km) et en avril le Trail de la gripète (26km), en mai le Trail Des Traces (20km). Manu a corsé son entraînement en juin avec les boucles ardennaises (37km), l'OHM Trail (35km), le Trail de la Meuse 2017 (30km) et pour le fun le Trail de la Corrida de Wanzoul (21km). Et donc, en tant que test final, fin juin, la Pierra Menta dans le Beaufortin : 75 kms et 7500 mètres de dénivelé positif. Et puis un mois de repos avant la grande compétition...l'UT4M
Manu et Sophie (photo Louis Maréchal)
La préparation au niveau diététique et l’alimentation pendant la course : Manu a dégusté...Premier chapitre
Au départ, Manu n'appréciait guère les légumes. Mais soutenu par Sophie, adepte d'une alimentation diététique, un peu moins par les enfants, il est passé à une alimentation « saine et équilibrée » faisant la part belle aux légumes et fruits. Finalment, il en redemandait...
Avant le départ des différentes étapes de la grande épreuve, Manu mangeait céréale, banane, yaourt et bien sûr s'hydratait. En course, Manu a apprécié ce qui était mis à disposition par les organisateurs et les dizaines de bénévoles qui l'ont approvisionné très régulièrement en pain, poulet, fromage, pâtes d'amande, banane. Les gels que Manu avaient prévus, il les a vite abandonnés : il ne les supportait pas.
Pour ce qui concerne les boissons, Manu a bu tout au long de l'épreuve, environ 1 litre toutes les 2 heures : il emportait, en plus des ravitaillements, 3 flasques d'eau Saint Yorre riche en sel et une bouteille de boisson isotonique.
La grande course
Manu a « dégusté » avons nous dit, au propre comme au figuré...
Vercors, Oisans-Taillefer, Belledonne et Chartreuse, 4 massifs, autant de saveurs différentes pour un menu sur 4 jours. 178 kms que l'on pouvait parcourir en une seule étape, en course relais, ou sur 4 jours, la formule choise par Manu et son ami Bertrand Lambert.
Manu était localisé à Grenoble. Il a « dormi » en moyenne 3 à 4 heures par jour vu les navettes, les trajets, les attentes …
1er jour
Le départ est donné de Grenoble, dans le Parc Paul Mistral. Moment mémorable, merveilleux, l'aboutissement d'un an de préparation, avec cependant tout le stress qui va avec : "Vais-je tenir, que fais-je ici avec mes petites séances d’entraînement au milieu de « spécialistes ». Manu et les coureurs s’élancent donc vers le sommet du Moucherotte (1900m) par le tremplin olympique avant de rallier le stade de neige de Lans en Vercors. Le Moucherotte est donc le point culminant de leur passage dans le Vercors, qui leur offre une vue splendide sur la vallée en contrebas. Manu réalise les premiers 40,7 kms en environ 8h20.
2ième jour
Manu attend dans le froid avant de s'élancer vers le massif de Taillefer avec notamment le Pas de la Vache, point culminant de l'étape (2360m) avant de redescendre sur le lac du Brouffier et d’enchaîner le lac Claret, celui du Poursolet et le plateau des lacs dont la flore et l’atmosphère feront croire aux coureurs être au beau milieu de la steppe et de la Toundra. « Le massif de l'Oisans, objectif de cette 2ième étape, était vraiment magnifique, même s'il m'a fallu plus de 10 heures pour en venir à bout » raconte Manu.
Photo G. Martinez Valentin UT4M
3ième jour
L’étape suivante doit mener Manu et ses comparses, par monts et par veaux, au sommet du grand Colon (2394m), point culminant du parcours dans le massif de Belledonne. Malheureusement, suite aux orages annoncés, le peloton est dévié pendant une longue distance sur des chemins à découvert et sous une chaleur de 35 degrés. Une chaleur éprouvante qui accompagnera les concurrents durant les 4 jours de l'épreuve. Mais cela reste un souvenir merveilleux: ce dépassement de soi pour vaincre la souffrance
4ième jour
La souffrance se rappelle à Manu lors des premiers kms. Depuis la veille, Manu est accablé par une tendinite tenace à la cheville. La douleur se fait plus vive au fil des kilomètres. « Manu est très fort mentalement: c'est une de ses grandes forces » nous dit un de ses amis. Au total, Manu parcourra avec cette tendinite près de 90 kms . Des descentes extrêmes, 5000 mètres de dénivelé négatif sur les deux étapes, feront souffrir notre favori. Les bénévoles encouragent Manu : on est en Chartreuse et il y a même de la Chartreuse aux ravitaillements.
Mais l'arrivée est maintenant proche : il ne reste « que » 10 kms. Manu est dans les nuages : il ne veut rien lâcher : il sent qu'il va réussir son défi. Voilà, la ligne est là avec tout le bonheur qui va avec. Bravo Manu.
Manu a parcouru 178kms en 36 heures de temps cumulés. Il a vaincu 11.350 mètres de dénivelé positif. Il termine 132 ième sur 369 concurrents, 8ième belge.
Et demain, quels sont les projets de Manu ?
Manu a prévu un « retour au calme » sur des distances plus accessibles. Olne Spa Olne (70kms) sera cependant à son programme si sa tendinite évolue bien
Manu nous annonce son programme pour l'année prochaine : « Je pense à la Pierra Menta à nouveau, à deux trails de 100 et 150 kms environ. Je voudrais aussi participer au marathon montagnard du Mont Blanc avec Sophie, Sophie qui a aussi prévu de prendre part au Marathon de Barcelone en début de saison. Quelle famille.
« Mon objectif et mon rêve est de participer, avant mes 50 ans, au TOR DES GÉANTS (330 kms et 24000 mètres de dénivelé positif D+) » nous confie Manu seulement 3 jours après son expédition à Grenoble.
Les photos, nous les devons aux photographes de l'UT4M (photos 1, 2, 3, 4, 6, 16, 17, 18, 19, 20, 22) d'une part, à l'incontournable Louis Maréchal (photos 5, 14, 15, 21 -en Belgique ), à Bertrand Lambert et Delphine (photos 7, 10, 11, 12, 13). Merci à eux.
Et, via les liens ci-dessous, des vidéos de Vincent Gaudin, un participant ; des vidéos qui nous montrent l'ambiance extraordinaire qui règne dans les trails longue distance.
Vercors: https://www.youtube.com/watch?v=Gjla4Qd8qy0
Oisans: https://www.youtube.com/watch?v=s7mGA_XEyJc
Belledonne: https://www.youtube.com/watch?v=-p0j5RbNo9U
Chartreuse: https://www.youtube.com/watch?v=K3FPewioGw4
ou via facebook de Vincent Gaudin via https://www.facebook.com/vincent.gaudin/posts/10208040341481270
Manu et Bertrand (Photo Bertrand Lambert et Delphine )