Hermine Chamberlan et son chat, les gardiens de la gare de marchandises et de triage « Chez Deresteau » à Vinalmont, route de Villers ; crédit photo Francoise Vandersmisssen.
Venant de Statte, après avoir embarqué ses passagers rue du tram et avant de se diriger vers Chapon-Seraing et Waremme, le tram marquait l'arrêt dans la campagne de la route de Villers, chez Deresteau, une construction isolée à la sortie du village : c'était là la gare de marchandises et de triage.
A cet endroit, il y a trois voies : 2 voies permettent le croisement des trams qui viennent ou partent vers Waremme car, sur tout le tracé, la ligne ne comporte qu'une voie. La troisième voie permet de garer les wagons nécessaires au chargement des marchandises.
Machiniste, chauffeur, percepteur
A partir de la station de la rue du tram, le vicinal passe par le fond des Potalles à Vinalmont (la photo ci dessus), traverse la rue des Potalles et rejoint la gare de triage et de marchandises, sur la route de Villers-le-Bouillet.
La locomotive est un peu l’hôtel des courants d'air où se tiennent le machiniste et le chauffeur, dans un espace minuscule.
Les wagons pour les passagers prévoient deux plates formes entourées de balustrades en fer forgé, c'est l'endroit de rencontre privilégié des jeunes.
Le percepteur (ou la perceptrice) distribue les coupons. C'est lui qui saute bas du tram, manipule les aiguillages et reprend sa place alors que le tram roule toujours.
Dans les descentes, il actionne le frein auxiliaire, une grande roue située dans le dernier wagon, alors que les gamins, grisés par la vitesse, lui crient: «Attends encore un peu!».
En hiver, il s'occupe d'alimenter les poêles colonnes «diables» qui monopolisent un demi compartiment.
Les voyageurs les plus proches étouffent tandis que les autres grelottent.
Le trajet de Statte à Vinalmont coute 2,60Fb. Il faut 1h30 pour rallier Statte à Waremme.
Prêtes à prendre leur service : la perceptrice du tram Statte -Waremme Madeleine Guiot ( à droite) et sa collègue devant une...voiture d'époque .
En route vers le Roua avec le train des marchandises
De chez Deresteau, une voie repart donc en direction de Wanzoul, essentiellement pour les marchandises. Le tram traverse la chaussée de Tirlemont(à peu près en face de l'actuelle scierie Pétré). Il vérifie le poids de ses marchandises dans une cabane de bois sur «la Bascule», un peu plus loin que chez le Docteur Rihon, rue de Wanzoul.
Rassuré, il entame alors la descente vers les carrières Sottiaux et Roba, traverse le hameau du Roua, atteint la carrière Wilmart, puis les anciennes carrières «de la Violette» et «al'Baye» pour se diriger vers Huccorgne et Burdinne.( le raccord pour les passagers de Vinalmont et Wanzoul vers Huccorgne a été réalisé en 1929)
Dans ses wagons, le tram transporte les pierres des carrières, des briquettes, et, selon les saisons, des betteraves en direction de la râperie de Chapon-Seraing ou de bottes de lin à destination des Flandres. Les wagons tombereaux peuvent transporter jusqu'à 10 tonnes
Sa locomotive à vapeur pèse pas moins de 16 tonnes et développe une puissance de 100CV. Dame, il faut bien cela s'il ne veut pas faire comme le petit Poucet, semer ses cailloux en chemin.
Une triste fin
La guerre terminée, le pauvre tram qui a pourtant travaillé pendant toute la durée du conflit, se voit remplacé par l'autorail, un monstre peint tout en jaune (du type de ceux que l'on rencontrait jusqu'il y a peu encore à la côte belge).
En 1948, le tram doit confier ses voyageurs aux autobus qui vont bien au-delà de Statte, jusqu'à Huy.
En 1952, malgré les protestations énergiques des sucriers et des carriers, il cesse toute activité pour faire son entrée au musée.
Les quatre coins qui vont tourner ronds bien plus tard
Ainsi va la vie, même celle d'un tram : inlassablement, de côte en pente et de pente en côte, le vicinal a parcouru son chemin pendant des années, sur les voies qui lui étaient tracées, avec ses hauts et ses bas, ses arrêts, ses brusques secousses, ses cris de souffrance et de joie, image de la vie, image du village.
Merci
Un grand merci à Stéphane Riga qui nous a donné accès à sa remarquable collection de cartes postales, à Jean–Marie Vanebempt, le Vinalmontois qui a récemment exposé ses cartes postales hutoises à l'hôtel de Ville et qui participera le WE des 9-10-11 décembre au marché de Noël du fourneau Sainte Anne avec ses cartes postales toilées, à Fernand Richard qui connaît comme sa poche et Vinalmont et le monde enchanteur des cartes postales. A Francoise Vandersmissen, la spécialiste de la gare de triage de chez Deresteau. Merci aussi aux contributeurs de « Tu es un vrai Hutois si.. »: Statte, c'est déjà Huy.